Kanak est un chien d’exception. Il a d’ailleurs inspiré d’autres professionnels à se doter d’un chien de soutien. Est-ce une première patte vers l’avenir?
Croyez-vous que votre expérience avec Kanak se répétera ailleurs?
Chaque jour, je reçois des appels de demandes d’information sur le projet. D’autres professionnels hors du milieu judiciaire veulent aussi se doter d’un chien pour leur clientèle.
Puisque plusieurs services de police, la DPJ et les tribunaux acceptent la présence de ces chiens et sont conscients des bienfaits qu’ils apportent aux victimes, je crois que cela apporte beaucoup de crédibilité au bienfait de ces animaux. Je suis convaincue que la demande sera croissante pour ce type de chien, et ce, dans tous les milieux nécessitant du réconfort. Je pense par exemple aux centres jeunesse, aux écoles, aux centres d’aide aux victimes d’actes criminels, aux cliniques de pédiatrie, aux soins palliatifs, aux salons funéraires, aux centres de détention, aux bureaux de psychologue ou de psychiatre.
Cela vous semble farfelu comme idée? Pas du tout! Tout cela se fait déjà aux États-Unis!
Quel est l’avenir des chiens de soutien émotionnel, selon vous ?
Les chiens de soutien ont vu le jour aux États-Unis en 2003 grâce à l’association américaine Courthouse Dogs Foundation. Aujourd’hui, on compte 201 de ces chiens en service. Au Canada, c’est l’Ouest canadien qui a ouvert le bal en 2010. Aujourd’hui, au Canada, on compte 41 chiens de soutien émotionnel.
Au Québec, Kanak a été le premier en 2016, mais depuis, plusieurs autres chiens ont pris du service. La Sûreté du Québec en a deux, Kevlar et Sundae. La police de Terrebonne utilise les services du chien Matta. La Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de Longueuil emploie le chien Nana; celle de l’Abitibi, Chevelle; celle du Centre-Sud de Montréal, Soga tandis que l’on retrouve Brao à Gatineau.
Une pédopsychiatre de Richelieu travaille avec Zaïa et la Maison du Père à Montréal utilise les services du chien Argon. Le frère de Kanak, Brao, alias Ti-gars travaille dans une école auprès des enfants autistes. Ce sont tous des chiens provenant de la Fondation Mira. Grâce à la page Facebook de Kanak, son histoire a traversé l’Atlantique et, la police de Bruxelles-Nord en Belgique est venue chercher Switch, leur chien Mira. La police française, inspiré par le travail de Kanak, a dernièrement adopté un chien de soutien entraîné par Handi’chiens en France.
Qu’est-ce que Kanak a changé dans votre vie?
J’ai découvert ma vraie passion. Maintenant, je souris tout le temps. Je souris à l’idée de pouvoir aider les victimes et vivre de ma passion. Je peux maintenant faire du bien avec un chien et apporter une touche de compassion et de douceur à nos interventions.
Notre relation est spéciale, puisque suis avec lui plus souvent qu’avec mon conjoint et mes enfants. Nous avons développé une belle complicité, un attachement et un amour mutuel. Il est calme, peu énergique, gourmand et adore se faire câliner. Tel chien, tel maître, quoi!
Nous formons une équipe des plus complémentaires. Je ne peux imaginer le moment où il prendra sa retraite ou quand il nous quittera pour le paradis des chiens.
Je respecte et reconnais tout ce que Kanak apporte à son travail auprès de victimes d’actes criminels, ainsi que les belles aventures qu’il me fait vivre dans le cadre de ce projet.
Que fait Kanak lorsqu’il n’est pas en service?
En résumé, il dort. Il est calme et peu énergique, pour ne pas dire très paresseux. Il passe la majorité de ses journées sur son sofa favori. Autrement, il joue avec notre autre chien, Charlie, un golden retriever beaucoup plus actif et il aime bien aller marcher avec lui. Nous ne pouvons pas lui demander de venir courir avec nous, il n’en a pas l’énergie. Après 300 mètres, il n’en peut plus et marche. Il adore se faire câliner par mes enfants et jouer au cobaye pour notre future médecin vétérinaire qui s’exerce à ses techniques de bandage sur lui. Les moments forts de sa journée sont les repas! Il n’est pas un labrador type ; la chasse aux canards, ce n’est pas pour lui!
Que souhaitez-vous pour l’avenir?
J’espère que les chiens de soutien émotionnel continuent à gagner en popularité et se retrouvent dans les milieux où leur présence s’avère bénéfique.
Entrevue avec Mélanie Bédard,
sergente-détective du service de police de Sherbrooke.