Faites la connaissance de Kanak, chien de soutien émotionnel
Publié Octobre 29, 2018.
L’Académie Mondou
Spécialiste de la formation des employés Mondou
Saviez-vous qu’au Service de police de la Ville de Sherbrooke, une enquêtrice a eu l’idée d’introduire le premier chien de soutien émotionnel au Québec ? Voici Kanak, le labrador, et son maître, Mélanie Bédard, qui a eu cette idée ayant eu un impact important dans la vie des gens de sa communauté.
D’où l’idée d’avoir un chien de soutien émotionnel t’est-elle venue?
Kanak est arrivé sur ma route à la suite de plusieurs petits hasards. Tout d’abord, à l’été 2015, je suis tombée sur un article à propos d’une fillette de sept ans qui avait témoigné contre son père qui l’avait agressé sexuellement. Ainsi, pour être réconfortée et se sentir sécurisée durant son témoignage à la cour, elle était accompagnée du chien de soutien Hawk, de la police de Calgary. Moi qui adore les animaux, je me suis dit : « Wow, quelle bonne idée!».
Quelques semaines plus tard, ma voisine Audrée me propose quelques livres, dont Le Why Café et Le retour au Why Café de John P. Strelecky. À la lecture de ces livres, j’ai compris que ma vie manquait un soupçon de passion. Je me suis dit qu’en rendant mon travail passionnant, je n’aurais plus jamais l’impression de travailler. J’ai alors cherché ce qui me touchait, m’émouvait, me passionnait.
Quelques mois plus tard, avec ma famille, nous avons finalement concrétisé notre projet d’adopter un chiot que nos enfants ont nommé Charlie. Dès qu’ils avaient de la peine ou se blessaient, c’est lui qu’ils allaient voir. On avait beau essayer de les consoler, ils nous passaient sous les bras pour aller voir le chien.
Je me suis alors demandé pourquoi mes enfants ressentaient-ils le besoin d’aller trouver réconfort auprès du chien alors que nous, leurs parents aimants étions là pour veiller sur eux? J’en ai discuté avec mon conjoint, lui aussi policier, et nous avons poussé la réflexion plus loin en nous interrogeant sur les besoins en réconfort d’un enfant issu d’un milieu défavorisé dont les parents sont alcooliques ou toxicomanes.
Si un enfant a été abandonné, négligé ou abusé psychologiquement, physiquement ou sexuellement, il doit alors rencontrer un enquêteur inconnu, puis raconter de façon détaillée l’agression dont il a été victime. Il doit répondre à des questions difficiles évoquant de douloureux souvenirs, de la honte, de la peur ou de la culpabilité.
De plus, il doit faire cela seul, car lorsque nous rencontrons les victimes en entrevue, elles ne sont pas accompagnées d’un parent ou d’une personne de confiance, afin que leurs réponses ne soient pas influencées par cette personne. Alors, quel doit être le besoin de réconfort d’un enfant à ce moment-là? C’est là que j’ai senti qu’un chien pouvait jouer un rôle important.
J’ai donc fait des recherches sur le Web et je suis tombée sur l’association américaine Courthouse Dogs Foundation qui a institutionnalisé la pratique des chiens de soutien en 2003.
Par la suite, je me suis documentée et j’ai communiqué avec des maîtres-chiens canadiens. Puis, j’ai demandé à rencontrer la direction du Service de police pour présenter mon projet qui a rapidement été accepté. Le 10 janvier 2016, j’ai finalement décidé de lancer mon projet.
Comment as-tu choisi Kanak ?
Pour trouver un chien calme, peu énergique, peu réactif et aimant les enfants, j’ai fait appel au personnel de la Fondation Mira. À la fin mai 2016, ils avaient un chien pour moi et j’ai pu recevoir ma formation de la part des entraîneurs de la fondation. Lorsque j’ai travaillé avec Kanak, ça a été un coup de foudre instantané! Il était très docile, beau et semblait être le plus facile du groupe. Il soutenait intensément mon regard et avait ce petit je-ne-sais-quoi !
J’ai travaillé avec les autres chiens, mais je revenais toujours à Kanak. Lorsque nous avons officiellement reçu nos chiens, on m’a attribuée Kanak, et j’étais folle de joie. Le personnel de la fondation était heureux que j’aie moi aussi craqué pour lui, car c’était lui qui avait été ciblé pour être le premier chien de soutien Mira.
Quelle est la différence entre un chien de soutien émotionnel et un chien de zoothérapie ?
Il est important de distinguer les chiens de soutien des animaux de zoothérapie. Les chiens de soutien sont accrédités par l’Assistance Dogs International (ADI) ou par la Fédération internationale des chiens guides (IGDF). Le seul organisme au Québec reconnu pour respecter les normes internationales les plus élevées est la Fondation Mira. De son côté, le zoothérapeute qui est formé en médiation animale, entraîne et sélectionne son chien et s’adjoint à un professionnel ou à un organisme. Ceux-ci doivent engager le zoothérapeute pour leur clientèle, tandis que le professionnel est avec son chien de soutien 24 heures sur 24 et ne fait que l’inclure dans ses interventions auprès de sa clientèle.
Le terme « chien de soutien » a été créé par le Ministère de la Justice du Canada et est lié aux chiens accompagnant des victimes. Ces chiens soutiennent les victimes (volet émotionnel) et leurs familles, le travail des policiers, les procureurs et lors des témoignages. Toutefois, ma définition personnelle d’un chien de soutien est plus étendue, car il peut offrir du soutien dans bien d’autres domaines.
En quoi Kanak est-il différent des autres chiens ?
Tout d’abord, il est accrédité par une école canine (Fondation Mira) reconnue (IGDF), par Anima Québec et par ADI. Il a passé un an en famille d’accueil afin d’accroître sa sociabilité. Puis, il a passé une série de tests avant de recevoir une formation à la Fondation Mira. Il est donc un chien de travail « professionnel ». Il n’est pas un chien de famille formé comme chien de soutien. Il a été choisi pour son tempérament et ses aptitudes à être heureux et efficace dans son travail.
De plus, même si les labradors sont de nature très active, Kanak est très calme et presque nonchalant. Il adore naturellement les enfants et n’est aucunement agressif. Il peut passer des heures tout à fait immobile et collé contre la victime. Il ne la distrait jamais lors d’interventions et ne nuit pas au tribunal. Kanak est un chien d’exception et il est exactement ce qu’il fallait pour assurer la réussite du projet.
Entrevue avec Mélanie Bédard,
sergente-détective du service de police de Sherbrooke.
Interview with Mélanie Bédard,
detective from du Sherbrooke Police.