Refuges : la fabuleuse histoire de Whiskey, Willie et Rosie

Ce texte a été écrit en collaboration avec Annie-Claude Asselin, grande gagnante du concours Belles Gueules 2022, catégorie chat (Willie).

Pour mes huit ans, mes parents m’ont offert un cadeau incroyable : une petite chatonne que j’ai appelée Toupie. Je l’ai tellement aimée! Elle est décédée à l’âge de 19 ans, et ce fut un deuil extrêmement difficile à faire.

Quelques années plus tard, mon conjoint et moi avons emménagé dans notre maison. De la fenêtre de notre salon, nous pouvons observer les oiseaux qui visitent la mangeoire et les lapins sauvages qui gambadent à l’ombre de notre cerisier. Cette proximité avec la nature nous a donné envie d’avoir un animal de compagnie.

Mon conjoint avait des idées préconçues sur les chats et préférait les chiens, mais notre style de vie ne nous permettait pas d’en avoir un à ce moment-là. Après avoir écouté des dizaines d’épisodes d’une émission sur les chats, il a changé d’avis sur la nature et le caractère de cet animal. C’est même lui qui a lancé l’idée d’en adopter un! Nous avons donc commencé à faire des recherches afin de bien préparer l’arrivée de notre futur compagnon poilu.

Whiskey

En 2019, nous avons visité quelques refuges pour en savoir plus sur le processus d’adoption et rencontrer les chats disponibles. Quand l’animalière a ouvert la cage de Whiskey pour nous la présenter, Whiskey nous a choisis! Elle a immédiatement décidé qu’elle nous aimait et qu’elle voulait venir avec nous, et l’a démontré en collant son front contre le mien.

Ça a été le coup de foudre! Nous avons rapidement dû nous rendre chez Mondou afin d’acheter tout le nécessaire pour accueillir Whiskey. Depuis ce jour, elle est une chatte très affectueuse qui nous suit partout et qui adore dormir sur nos jambes. Elle aime aussi faire des promenades en portant son harnais.

Willie

Nous avions tellement de plaisir avec Whiskey que nous avons décidé d’adopter un deuxième chat. Nous avons pensé qu’elle accepterait plus facilement la présence d’un chaton. Mais comment choisir parmi tous ceux disponibles en refuges? Je suis tombée sur le profil d’adoption de Willie, un chaton borgne qui semblait terrifié. Willie avait été trouvé dans la rue alors qu’il était tout petit et un de ses yeux était perforé, asséché et infecté. Il a été pris en charge par une fondation qui a dû lui retirer son œil.

Quand j’ai vu sa petite binette, j’ai su que je devais donner une chance à ce chat différent qui allait avoir plus de difficulté à être adopté. Willie et moi avons un lien très spécial. Son monde tourne autour de moi. Il est extrêmement colleux. Il demande des becs sans arrêt et il monte sur mes épaules pour se coller quand il veut de l’attention. Un vrai amour! Il nous fait aussi beaucoup rire quand il dort dans des positions farfelues.

Nous avons dû y aller très doucement pour introduire Willie dans la vie de Whiskey. Nous nous étions renseignés et savions qu’il fallait le faire graduellement. Whiskey n’était pas très contente et le faisait savoir au chaton en grognant et feulant. Willie, quant à lui, ne connaît pas l’agressivité. Il est le chat le plus doux et affectueux qui existe! Avec de la patience, ils se sont apprivoisés et sont maintenant meilleurs amis.

Être famille d’accueil

En 2020, ma situation professionnelle a changé, et j’ai profité de l’occasion pour présenter ma candidature dans des refuges afin d’être une famille d’accueil. Selon moi, le travail fait par les refuges est primordial et je voulais m’impliquer le plus possible. Être une famille d’accueil, c’est notre façon de donner du temps à une cause qui nous tient à cœur.

Depuis ce temps, nous travaillons avec trois refuges de notre région et nous prenons des pensionnaires à longueur d’année. C’est devenu notre passion. Comme je travaille à temps plein de la maison et que mon horaire est flexible, ça me permet d’être vraiment présente pour les chats que nous accueillons. Nous avons même aménagé une pièce fermée de notre sous-sol pour eux. Elle contient tout plein de jeux et de jouets, de petits arbres à chat et de grattoirs, en plus d'une zone pour manger et un lit sur le bord de la fenêtre. C’est notre chambre à chatons.

Durant les dernières années, nous avons pris soin de chatons orphelins, de chattes gestantes, de mamans chattes avec leurs bébés, de chats et chatons non socialisés craintifs des humains, de chats et chatons malades qui ont besoin de soins avant d’être adoptés, et même d’une chatte qui a dû subir une amputation. Comme elle n’allait pas très bien au refuge, nous lui avons donné le temps et l’amour dont elle avait besoin pour s’adapter à sa nouvelle condition.

Oui, c’est très difficile de les laisser partir. Nous versons des larmes à chaque fois. Nous nous attachons beaucoup et aimerions pouvoir tous les garder. Il faut se contenter de faire confiance aux refuges qui sélectionnent les familles. Parfois, nous sommes même impliqués dans le processus d’adoption et pouvons sélectionner les familles qui adoptent nos chatons. Il arrive que l’on reste en contact avec certaines d’entre elles, qui nous envoient régulièrement des photos. Ça nous permet de voir les chatons grandir dans leurs demeures, où ils sont à l’aise, heureux et aimés. C’est tellement magique et ça nous ravit toujours d’avoir des nouvelles!

Rosie

L’an dernier, nous avons accueilli une chatte gestante très craintive, Rosie, qui allait accoucher de sa portée sous peu. Elle a donné naissance à trois beaux chatons, qui ont été adoptés par des familles merveilleuses.

Problèmes de santé

Après avoir accouché, Rosie a eu plusieurs problèmes de santé les uns à la suite des autres : infection urinaire, diarrhée, rhume de chat, yeux très rouges et irrités, mammite (l’infection d’un mamelon). Elle ne pouvait plus marcher, elle était amorphe et ne mangeait plus. La mammite a causé un abcès, qui a crevé et s’est infecté. Elle a aussi fait une réaction allergique à un traitement contre les parasites. La totale! Pendant huit semaines, et une dizaine de visites au vétérinaire, j’ai dû lui donner des médicaments, des antibiotiques, des antidouleurs, des fluides sous-cutanés et des gouttes pour les yeux, en plus de lui faire des compresses tièdes et des applications de désinfectant et de crème pour son abcès. Nous étions très préoccupés par son état, et Rosie est devenue encore plus craintive. Elle a régressé dans sa socialisation et a commencé à avoir très peur d’être touchée.

Faire partie de la famille

Quand ses chatons ont été adoptés et que Rosie a été vaccinée et stérilisée, nous avons procédé à l’introduction auprès de Whiskey et Willie. Rosie s’est immédiatement liée à nos chats et elle est complètement tombée amoureuse de Willie. Ensemble, ils sont comme un petit couple adorable. Rosie veut se coller, Willie aime ça, mais il prétend parfois qu’il est indifférent.

Nous n’avons pas eu le choix. Nous ne pouvions pas laisser partir Rosie : elle était trop attachée à Willie, elle était heureuse et à l’aise dans notre maison, et elle était encore terrifiée d’être touchée. Nous étions conscients que les chats craintifs sont beaucoup plus difficiles à adopter et ce sont ces chats qui ont le plus besoin d’une famille compréhensive et aimante. De plus, nous nous étions grandement attachés à elle après lui avoir donné tous ces soins. Nous étions assurément la meilleure famille pour elle, alors nous l’avons officiellement adoptée. Regagner sa confiance a pris plus d’un an. Elle était très heureuse dans notre maison et près de nous, mais elle refusait de se laisser toucher. Récemment, elle a finalement accepté de se laisser flatter, et elle commence même à aimer ça. Ça me fait tellement chaud au cœur!

C’est ça le bonheur

Les chats ont changé notre vie : ils sont notre raison d’être. Notre moment préféré de la journée, c’est le matin. Lorsque nous nous levons, nos trois chats sont si contents de nous voir que ça nous rend heureux de les voir heureux. Ils deviennent tout excités et nous adorons les voir jouer ensemble, dépenser leur énergie et courir partout dans la maison. Nous savons qu’ils sont bien et il n’y a rien de plus satisfaisant dans la vie.

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